encore une fois (le café perdu)


parler d’une disparition avant qu’elle ne soit c’est comme parler projet c’est parler de demain mais un demain sans avenir une fin
parler du café perdu (rouen) c’est comme parler de soi comme parler de l’aventure qui déjà depuis longtemps a pris fin mais que quelque chose prolongeait pourtant ici au creux de soi
parler du café perdu qui s’éteint s’est parler de françoiz breut de françois bon de gilles saussier de dominique petitgand d’éric chauvier d’antoine emaz de lucien suel d’anne savelli de martine sonnet de mosieurj de philippe ripoll de sébastien bailly de mathilde roux de guillaume painchault de guillaume laurent de patrick gouffran de david liaudet de thomas dussaix d’emmanuel kerner venus pour une exposition une table ronde un lecture un concert
parler du café perdu c’est parler de bertrand belin rodolphe burger thibaut cuisset rebecca armstrong géraldine trubert et de tant d’autres chaque jour venus simplement déjeuner ou le soir boire un verre parler
parler du café perdu c’est parler de on ne se disait plus rien des ateliers hors les murs de l’école nationale d’architecture de normandie de là-bas si j’y suis des cafés repaires
parler du café perdu c’est surtout parler d’un lieu trouvé un jour et laissé en l’état à peine on avait repeint les murs mis à jour la brique changé les lampes
parler du café perdu c’est parler d’un café sans enseigne sans publicité aux prix modérés que seul l’échange la rencontre le temps portaient
parler du café perdu c’est parler de ce petit groupe d’artistes qui s’y retrouvaient chaque soir les premières années discutant de tout buvant des bières en terrasse jusqu’à ce qu’on balaie le trottoir et dise on ferme
parler du café perdu c’est parler des soirs de concerts du 106 festival rush des fêtes de la musique des fêtes de la poésie de parking day des groupes de chômeurs qui s’y retrouvaient pour se serrer les coudes
parler du café perdu c’est parler du zinc en formica des bières locales des vins naturels ou ceux venus du calvados c’est parler des navettes rapportées de marseille lors des déplacements professionnels et d’une tentative d’huîtres / vin blanc le samedi midi comme de l’aperitivo le jeudi soir c’est parler des petits plats fins faits chaque matin des courses chez metro les deux premiers mois et au marché ensuite
parler du café perdu c’est parler des gestes des chaises des tables des gens des discussions au comptoir des amis qu’on s’y est faits et des musiques qu’on y a écouté c’est parler des tables thématiques les samedis dressées écrivains photographes architectes villes mis à plat
parler du café perdu c’est parler triste c’est parler du passé parler d’une rupture d’un échec d’un éfondrement d’une séparation c’est parler dans le vide c’est la tête retournée regarder en arrière en continuant d’avancer
parler du café perdu c’est parler pour n’en plus rien dire
encore une fois



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 9 mars 2019.